sur les traces de ceux qui nous ont précédés

Quelques rapprochements

Plusieurs types de rapprochements peuvent être effectués à partir de la liste des maires de Mouzillon.

La famille

Le premier rapprochement est d'ordre familial. La présentation a mis en valeur des liens de parenté liés à la famille Luneau : Jean-Gabriel BOUCHAUD, Prudent LUNEAU son neveu, Pierre GUICHET gendre du précédent, Paul Emile BOUANCHAUD gendre du précédent, Stanislas LUNEAU cousin des précédents et Léon LUNEAU frère du précédent. En un siècle et demi, un membre de cette lignée fut mais maire sur plus de 50 ans, soit un tiers de cette période.

Cette exemple est conforté par d'autres lignées : Pierre-François DENIS, maire de 1844 à 1852 a pour beau-frère François MARTINEAU qui lui succède à la mairie de 1852 à 1855. Et le successeur, Jean BABONNEAU, maire de 1855 à 1865 est le gendre de Pierre-François DENIS et le neveu de François MARTINEAU. Pendant une période de 21 ans cette famille a assuré cette fonction à Mouzillon

Et encore...

La place des femmes

Le deuxième rapprochement qui peut être effectué est la place des femmes dans ces lignés.

D'une part, la mairie de se transmets pas de père en fils, mais elle se transmets, pour une bonne part, selon la ligné les épouses et des filles : Louise ORGAN est l'épouse de Pierre François DENIS, elle a pour sœur Anne ORGAN qui sera l'épouse de François MARTINEAU. Louise ORGAN a une fille : Louise DENIS qui épousera Jean BABONNEAU. De nouveau, sous une apparence purement masculine, puisque des hommes sont votants, à l'exclusion des femmes, et que des hommes sont élus, sans qu'une femme puisse y prétendre à cette époque-là, sous cette apparence la place des femmes apparait nettement.

De plus, la généalogie VINET met en évidence les relations de parenté entre

 Jeanne-Marguerite LUNEAU, épouse de Jean-Gabriel BOUCHAUD (maire de Mouzillon)

 et Catherine VINET, épouse de Michel DUBOUEIX (maire de Clisson) 

Ces faits ne manquent pas de nous interroger sur la complexité des nos sociétés dans ces rapports hommes-femmes.

D'autre part, la période de violences révolutionnaires (1794-1796) ne manque pas d'attirer notre attention. Les premières victimes sont les femmes; les femme qui sont les mères, les grands-mères, les sœurs de ceux qui ont refusé la conscription en 1793. Ce fait avait été omis dans la mémoire collective soutenue par ceux qui se sont présentés comme les glorieux héros des guerres vendéennes. A partir de 1830 la volonté d'unité de la communauté humaine de Mouzillon a caché les particularités de la période révolutionnaire. Mais ce masque ne cache pas l'inconscient collectif. La féminité écrasée dans lé période 1794-1976 ressort de façon inconsciente dans la vie collective.

La fausse unité de la paroisse sous l'ancien régime

Le troisième rapprochement qui peut être effectué est celui d'un fait authentifié par un écrit. Nous avons tous appris qu'en 1789, dans toutes les paroisses de l'ancien régime avaient été rédigé des "cahiers de doléance". A Mouzillon, le dimanche 5 avril 1789 se trouvaient réunis

Hilaire DUGAST

Pierre DENIS

René BREVET

Pierre DENIS

Louis Pierre BARON

Louis LAMOUREUX

Jean DEFONTAINE

Julien LUNEAU

Julien Joseph LUNEAU

François LUNEAU

Laurent TEIGNE

René ORGAN

Julien GREGOIRE

Julien PHILBERT

Pierre BABONNEAU

Jean PACREAU

Guillaume BARON

Laurent GREGOIRE

Jacques Grégoire MARTINEAU

Jean SAUVION

Joseph LEROUX

Pierre MARTIN

Julien DEFONTAINE

Pierre ...

Jean LANGEVIN

Jean GREGOIRE

René BAHUAUD

Joseph MARTIN

François BAHUAUD

Louis LEFORT

Mathieu GAUTRON.

Dans cette assemblée sont élus : Jean Julien LUNEAU (la Rouaudière), François LUNEAU (le Brossay), René BREVET (la Barillière), Jacques Grégoire MARTINEAU (la bourg).

Cette assemblée a débattu des taxes, impôts et corvées, du tirage au sort pour la milice, des propriétés, des juridictions, de l'admission aux charges et emplois, du droit des veuves...Des réformes sont demandées, un esprit de nouveauté transparait.

Une autre assemblée eu lieu le 27 septembre 1789. Les participant sont plus nombreux

Hilaire DUGAST

Alexis DENIS

Laurent TEIGNE

François AUBIN

Pierre DENIS

René BREVET

Pierre BABONNEAU

Julien PHILBERT

René ORGANT

Pierre GABORIT

Pierre DENIS

Jean GREGOIRE

Pierre GOUELOT

Pierre MARCHAIS

Jean TEIGNE

Jean BRILLOUET

"pour [...] au député, un nommé Julien LUNEAU, pour qu'il se trouve à l’hôtel de ville à Nantes le 30 du mois, à huit heure du matin, vœux général des habitants de Mouzillon de ne point abandonner les privilèges de Bretagne qui nous ont toujours été soutenu par une main trop chère jusqu'ici, et que les demandes de notre cahier de doléances qu'ils font passer soit enregistrées et sanctionnées par le roy."

Ont signé :

J.LUNEAU

J J LUNEAU

René BREVET

P. DENIS

J. PHILBERT

J. GREGOIRE

Hilaire DUGAST

J G MARTINEAU

J TEIGNE

R ORGAN

F AUBIN

P BANONNEAU

P GOUELOT

Mais comment ne pas faire le rapprochement entre ces hommes qui furent les représentants des habitants de Mouzillon et qui nous apparaissent aujourd'hui comme les parents et les grands-parents de ceux qui furent maires de Mouzillon pendant la plus grande partie des dix-neuvième et vingtième siècles : Jean-Julien LUNEAU, Jacques-Gregoire MARTINEAU, René ORGAN, François AUBIN. Ceux qui assurent la représentativité de la communauté transmettront à leur descendance cette passion.

L'histoire a toujours plusieurs versants et plusieurs lectures. Si le dix-neuvième siècle a su prolonger ce que les pères et grand-pères ont développé dans les cahiers de doléances, l'autre versant de cette histoire est que d'autres hommes de cette assemblée mourront en 1794, victime des violences : Hilaire DUGAST, Pierre DENIS... Et si la lecture des cahiers de doléances montre le souffle, la vitalité d'une communauté, la lecture du compte-rendu de la réunion du 27 septembre dévoile l'attachement aux privilèges !

La période révolutionnaire de 1793-1797 va montrer que cette unité des Mouzillonnais était une façade qui va se fissurer par de nombreux clivages : le refus pour certains de la conscription de 1793, l'entrée dans la violence de ceux qui se sont insugés, la violence de l'armée républicaine, l'acceptation ou le refus des idées révolutionnaires.

Le fait générateur qui va marquer le XIX et le XXe siècle

Le fait générateur qui va marquer les XIXe et XXe siècles est la violence qui s'est exercée à Mouzillon pendant la période 1794-1796.

Ce fait générateur va être transformé dans la mémoire collective aux environs des années 1830 par les maires issus de l'aristocratie terrienne, par les prêtres issus des rangs réfractaires, par les insurgés issus des rangs de ceux qui ont refusé la conscription et qui ont pris les armes dans l'armée Royale et Catholique et sont devenus de glorieux héros.

Cette mémoire fera tout pour s'habiller des critères de la vérité sans s'appuyer sur les faits historiques, sans voir qui sont les morts, ni à quel moment ils ont été tués ni qui sont les meurtriers.